La qualité des eaux en bouteille, longtemps considérée comme irréprochable, est aujourd’hui remise en question. Une enquête récente menée par les autorités sanitaires françaises a révélé des pratiques douteuses au sein de l’industrie, mettant en cause huit marques largement consommées. De quoi semer le trouble chez les consommateurs.
Des traitements non conformes dans certaines eaux minérales
L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a récemment tiré la sonnette d’alarme sur la qualité sanitaire de certaines eaux minérales vendues en France.
Des enquêtes menées notamment par Le Monde et Franceinfo ont révélé que le groupe Nestlé Waters aurait utilisé des traitements de désinfection pourtant interdits dans le cadre de la production d’eaux minérales naturelles. Ces procédés, comme l’usage de filtres ou de systèmes UV, vont à l’encontre de la réglementation française.
Plus inquiétant encore : selon Franceinfo, certains de ces dispositifs auraient été volontairement dissimulés dans des armoires électriques pour échapper aux contrôles sanitaires. Des révélations qui posent une question essentielle : peut-on encore faire confiance à l’eau en bouteille ?
Des autorités en alerte et des mesures en urgence
Face à ces révélations, les autorités ont lancé des investigations plus poussées. Plusieurs agences régionales de santé – notamment dans le Grand Est et en Occitanie – ont été mobilisées. L’évaluation a conclu à un niveau de confiance jugé insuffisant concernant certaines ressources en eau.
En février 2023, une réunion interministérielle a été organisée à Matignon avec les ministères de la Santé et de l’Économie. L’objectif : prendre des mesures concrètes. Un plan de surveillance renforcée, tant bactériologique que virologique, a été mis en place sur les sites de production de Nestlé.
Muriel Lienau, présidente de Nestlé Waters Europe, a tenté de rassurer l’opinion publique. Elle affirme que toutes les opérations actuelles sont désormais conformes, évoquant aussi les effets du réchauffement climatique et du stress hydrique, qui rendent la gestion de la minéralité des eaux plus complexe.
Quelles sont les marques concernées ?
Huit marques bien connues sont désormais sous surveillance renforcée :
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Cristaline
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Hépar
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Contrex
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Perrier
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Vichy Saint-Yorre
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Vichy Célestin
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Eau de Chateldon
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Vittel
Ces noms, familiers des foyers français, sont au cœur des préoccupations sanitaires actuelles. Selon Franceinfo, si Nestlé aurait cessé certains traitements (filtres à charbon actif, UV), l’utilisation de micro-filtres non conformes à la législation européenne se poursuivrait. Une situation qui montre combien les industriels peinent à concilier respect des normes et maintien de la production.
Vers un changement des habitudes de consommation ?
Ces révélations pourraient bien marquer un tournant pour les consommateurs. L’image de pureté souvent associée à l’eau en bouteille est ébranlée. Nombreux sont ceux qui, pour des raisons de santé ou de praticité, avaient banni l’eau du robinet au profit des bouteilles.
Mais cette tendance pourrait s’inverser. L’eau du robinet, contrôlée quotidiennement et soumise à des normes strictes, pourrait regagner la confiance du public. Plus écologique, plus économique, elle représente aujourd’hui une alternative crédible pour les consommateurs soucieux de leur santé… et de l’environnement.