L’usage du cash est en chute libre. Depuis plusieurs années, la carte bancaire, le paiement mobile ou sans contact grignotent peu à peu la place de l’argent liquide dans la vie quotidienne des Français. Entre fermetures de distributeurs, évolution des usages et arrivée imminente de l’euro numérique, le pays semble prêt à tourner une page. Mais cette transition vers une société sans espèces soulève autant d’espoirs que de préoccupations.
L’argent liquide recule : des chiffres qui parlent d’eux-mêmes
Selon une récente étude de la Banque centrale européenne, l’argent liquide ne représente plus que 12 % des paiements en France. En 2018, ce chiffre atteignait encore 28 %. Et la tendance est loin de s’inverser. D’ici 2028, les experts estiment que seuls 10 % des paiements seront encore réalisés en espèces.
En parallèle, les distributeurs automatiques de billets (DAB) disparaissent progressivement du paysage. En 2023, on en comptait 71 541, soit une baisse de plus de 1 600 en un an. La raison est simple : ces équipements coûtent cher à entretenir, alors que la demande diminue. Résultat : dans de nombreuses zones rurales, il devient difficile, voire impossible, de retirer du cash.
L’euro numérique en approche… mais pas pour remplacer le cash
Face à cette transformation des habitudes, la Banque centrale européenne prépare l’introduction de l’euro numérique. Cette monnaie digitale publique, actuellement en phase de test, pourrait être lancée d’ici 2027 ou 2028. Elle ne remplacera pas l’argent liquide, mais viendra compléter l’offre existante.
L’euro numérique se veut une alternative aux cryptomonnaies privées, avec la sécurité d’un cadre européen. Il permettra de payer sans passer par une banque privée, tout en garantissant la confidentialité et l’accessibilité. Mais cette innovation pose une question cruciale : quel avenir pour le cash ?
Certains y voient la fin programmée de l’argent liquide, d’autres une simple évolution. Pour les partisans du digital, les avantages sont nombreux : sécurité renforcée, lutte contre la fraude, gain de temps. Mais pour d’autres, notamment les personnes âgées ou non bancarisées, cette transition est synonyme d’exclusion.
Une fracture numérique qui inquiète
Le recul du cash n’est pas sans conséquence sociale. Plusieurs millions de Français utilisent encore exclusivement l’argent liquide pour gérer leur quotidien. C’est le cas des personnes âgées, des foyers en difficulté, ou des habitants de zones rurales mal couvertes par les services numériques.
Des initiatives émergent pour limiter cette fracture. Des entreprises comme Loomis ou Euronet installent des DAB indépendants dans les communes laissées à l’écart. Certaines collectivités locales militent pour le maintien du paiement en espèces dans les commerces de proximité.
Mais le constat est là : l’argent liquide est de moins en moins accessible, ce qui pousse naturellement les consommateurs vers les alternatives numériques. Une évolution qui semble inévitable, mais qui doit être encadrée pour ne pas aggraver les inégalités.
