Cette aide pour les retraités doit être remboursée par les enfants, la règle pourrait enfin changer

L’aide pour les retraités, longtemps source de tensions familiales, pourrait enfin voir sa règle de remboursement par les enfants révisée. Cela marque un tournant dans la solidarité intergénérationnelle.

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L’aide pour les retraités, longtemps réclamée par les familles, pourrait enfin évoluer. Une règle exigeant que les enfants remboursent cette allocation déclenche un débat sur la solidarité familiale et l’État-providence.

Imaginez : votre mère ou votre père vient de s’éteindre. Vous êtes encore sonné, pris dans les démarches, les souvenirs, la peine… Et là, une lettre tombe. Pas une carte de condoléances. Un courrier de l’État. Il faut rembourser.

Oui, rembourser ce que votre proche a touché chaque mois pour vivre un peu mieux, avec un revenu de base, un coup de pouce discret mais vital. C’est une réalité qui touche chaque année des milliers de familles. Peu le savent, jusqu’au moment où ça leur arrive. Et à ce moment-là, c’est la double peine. Le deuil, et la facture. Car derrière l’aide pour les retraités appelée ASPA, il y a une règle que beaucoup découvrent trop tard : une fois le bénéficiaire décédé, l’État peut reprendre l’argent. Pas toujours. Mais souvent.

Quand l’aide pour les retraités devient une dette à solder

L’Allocation de solidarité aux personnes âgées, c’est un minimum vieillesse déguisé. Un revenu garanti pour celles et ceux qui ont bossé toute leur vie, parfois au noir, parfois à temps partiel, ou dans des secteurs précaires, sans jamais pouvoir cotiser assez pour toucher une retraite décente. Aujourd’hui, elle peut atteindre 940 euros nets par mois. Un demi-million de personnes la perçoivent. Ce n’est pas grand-chose, mais pour beaucoup, c’est ce qui évite de sombrer. Le souci, c’est ce qu’il se passe après.

L’ASPA, contrairement à d’autres aides sociales, n’est pas entièrement gratuite. C’est un prêt sans intérêt, en quelque sorte. L’État la verse de son vivant au retraité, mais se réserve le droit de la récupérer à sa mort. Si le patrimoine transmis dépasse un certain seuil actuellement 107 616,60 €, alors les héritiers doivent rembourser, jusqu’à hauteur de ce qui a été versé. En clair, si votre mère a touché l’ASPA pendant dix ans, vous pouvez avoir à verser plus de 10 000 euros, parfois bien plus. Et là, peu importe votre situation. Même si vous êtes vous-même en galère.

Le plus injuste ? Ce sont souvent des familles modestes qui se retrouvent dans cette impasse. Le patrimoine transmis dépasse le plafond… uniquement parce qu’il comprend la maison familiale. Pas une résidence secondaire dans le Lubéron. Juste la maison héritée de leurs parents ou grands-parents, souvent sans grand luxe, mais qui prend mécaniquement de la valeur. Ce sont ces briques, ce toit, que l’État convertit en remboursement. Et ça ne passe pas. Parce que les héritiers doivent parfois vendre cette maison pour pouvoir payer, alors qu’ils auraient voulu la garder. Parce que c’était tout ce qu’il restait.

Vers une réforme plus juste de l’aide pour les retraités ?

Face à cette situation bancale, une proposition a été déposée fin avril par un groupe de 14 députés communistes. Leur idée est simple, concrète, et profondément humaine : sortir la résidence principale du calcul du patrimoine à transmettre. Autrement dit, ne plus forcer des familles à vendre un bien qui ne les rend pas riches, mais qui pèse lourd dans la balance administrative. Pour eux, il s’agit de garantir une vraie dignité aux personnes âgées pauvres… sans faire porter la note à leurs enfants après leur mort.

Ce n’est pas la première fois que la question revient sur la table. Mais cette fois, elle prend une résonance particulière. Dans un contexte où l’aide pour les retraités devient de plus en plus indispensable, à mesure que les pensions stagnent et que les prix montent, le système doit évoluer. Pas pour être plus généreux à l’excès. Juste pour être plus cohérent, plus juste.

Car demander aux enfants de rembourser ce que leur parent a reçu pour vivre, sous prétexte qu’il possédait une maison, c’est entretenir une vision dépassée de la richesse. Aujourd’hui, on peut avoir hérité d’un pavillon dans une ville moyenne et ne pas pouvoir assumer des frais d’obsèques ou de succession. On peut être propriétaire sur le papier et pauvre dans les faits. Le mécanisme de l’ASPA, tel qu’il est pensé aujourd’hui, ne tient pas compte de cette réalité.

Un remboursement nécessaire ?

L’État a ses raisons. L’ASPA coûte cher, et l’idée de pouvoir en récupérer une partie est inscrite dans la loi depuis longtemps. Mais est-ce qu’on ne peut pas faire autrement ? Est-ce qu’on ne peut pas, à l’heure où on parle de solidarité et de respect des anciens, offrir un dernier geste à ceux qui n’ont jamais rien eu ? Une maison, ce n’est pas un yacht. Ce n’est même pas un luxe. C’est souvent tout ce qu’il reste après une vie de petits boulots et de fins de mois difficiles.

L’aide pour les retraités ne devrait pas être une bombe à retardement. Elle devrait être ce qu’elle prétend être : une aide. Pas un crédit déguisé. Si cette proposition passe, elle pourrait changer beaucoup de choses. Pour les familles. Pour les retraités encore en vie, qui ont peur de laisser des dettes derrière eux. Et pour une société qui affirme vouloir mieux traiter ses aînés. Pas besoin de grandes réformes pour envoyer un signal clair : on peut, on doit, protéger les plus fragiles sans fragiliser ceux qui restent.