« Je touche 1605 euros de retraite alors que je n’ai jamais travaillé de ma vie, voici comment j’y suis arrivé »

Avoir une pension sans activité, ça paraît improbable. Et pourtant, certains perçoivent bien plus qu’on ne l’imagine.

Incroyable mais vrai : il est possible de toucher une retraite sans jamais avoir travaillé, et certains reçoivent jusqu’à 1 605 euros par mois.

Ça semble impossible. Presque irréel. Et pourtant, certains touchent une grosse somme par mois à la retraite sans jamais avoir mis un pied dans un emploi classique. Ni fiche de paie, ni patron, ni carrière. Juste un parcours de vie, parfois cabossé, parfois invisible aux yeux des administrations, mais reconnu, en partie, par le système. Cette idée, loin d’être une légende urbaine, s’appuie sur des dispositifs bien réels. Peu connus, souvent méprisés, mais qui, pour certains, font toute la différence entre précarité et dignité.

L’ombre de la précarité pousse à chercher des alternatives

Parler de retraite aujourd’hui, ça ne rassure plus grand monde. Loin de l’image d’un repos bien mérité, c’est devenu un mot qui inquiète. Presque sept Français sur dix redoutent ce moment. Pas à cause de l’ennui ou de l’âge, mais parce qu’ils ne savent pas s’ils pourront encore remplir leur frigo. La peur du vide, pas seulement dans l’agenda, mais dans le compte en banque. Selon une enquête de la CFDT, deux actifs sur trois craignent de basculer dans la pauvreté une fois leur carrière derrière eux. Et ça ne se limite pas à un sentiment. La preuve : 23 % estiment déjà qu’ils ne pourront pas couvrir leurs dépenses de base à la retraite.

Dans ce climat, pas étonnant que les ménages revoient leur stratégie. Beaucoup se tournent vers l’épargne et les aides publiques. Le Plan d’Épargne Retraite (PER) a le vent en poupe, avec près de 11 millions de souscriptions. Mais ce n’est pas la seule voie. Certaines personnes, souvent passées entre les mailles du filet professionnel : mères au foyer, aidants, chômeurs de longue durée, personnes en situation de handicap, peuvent prétendre à une retraite sans jamais avoir travaillé au sens classique du terme. Pas de cotisations régulières, mais des droits malgré tout.

Une pension retraite sans jamais avoir travaillé : des dispositifs de solidarité

Le cœur du système, c’est l’Aspa. L’Allocation de solidarité aux personnes âgées. Elle ne fait pas de bruit, elle ne s’affiche pas, mais elle existe depuis des années. Destinée aux plus de 65 ans, ou 62 en cas d’inaptitude, elle garantit un minimum vital. En 2025, le plafond atteint 1 034,28 euros mensuels pour une personne seule. Il est de 1 605,73 euros pour un couple. C’est sur cette base qu’on entend parfois des témoignages comme celui de cette femme qui « touche 1 605 euros sans avoir jamais travaillé ». Le chiffre est vrai, mais il cache des conditions strictes : résidence en France, revenus très modestes et obligation d’avoir fait toutes les démarches pour percevoir les pensions disponibles, même à l’étranger.

Autre levier : les trimestres dits « assimilés ». Ce sont des périodes non travaillées, mais quand même prises en compte pour la retraite. Chômage indemnisé, maladie longue durée, service militaire, congé maternité… autant de moments de vie qui peuvent valider des droits sans jamais avoir cotisé à proprement parler. L’État reconnaît, ici et là, que le travail ne se limite pas à un emploi déclaré. Une personne ayant élevé trois enfants, par exemple, peut valider plusieurs trimestres. Elle peut améliorer son droit à une pension de retraite sans jamais avoir travaillé au sens strict.

Et puis, il y a les invisibles du système, ceux qu’on n’a pas toujours vus venir. L’AVPF, par exemple : l’Assurance Vieillesse des Parents au Foyer. Un dispositif peu médiatisé, financé par la CAF, qui permet de valider des droits à la retraite pour ceux qui se sont consacrés à leur famille. Il suffit d’être bénéficiaire de certaines aides sociales et d’avoir mis sa carrière entre parenthèses. Cette aide a permis à des milliers de femmes, principalement, de ne pas se retrouver sans rien à 65 ans.

Les personnes en situation de handicap, elles aussi, disposent de droits spécifiques. Certaines aides permettent de compenser une absence totale de carrière. La retraite pour inaptitude, par exemple, peut être déclenchée plus tôt, avec des montants adaptés. Une autre forme de retraite sans jamais avoir travaillé, souvent silencieuse, parfois stigmatisée, mais absolument essentielle.

Derrière les chiffres, des vies entières

On parle ici de montants, de dispositifs, de trimestres. Mais derrière ces chiffres se cachent des histoires. Des choix de vie. Ou encore des accidents de parcours. Des renoncements aussi. Personne ne « choisit » vraiment de ne jamais travailler. Ou alors très rarement. La majorité de celles et ceux qui bénéficient de ces aides a vécu des réalités qu’on ne résume pas en un coup d’œil. Et si le système leur tend une main, c’est parce qu’il reconnaît, timidement parfois, que toute activité n’est pas salariale et que toute vie mérite un minimum de reconnaissance.

Il ne s’agit pas de jackpot, encore moins de privilèges. Une pension de retraite sans jamais avoir travaillé, c’est souvent la traduction d’un parcours discret, souvent invisible. Un parcours qui mérite, au minimum, d’être compris avant d’être jugé.

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