Adieu l’abattement fiscal de 10 % pour les retraités ? Les seniors dans le collimateur de l’État…

Une fois encore, les seniors se retrouvent dans le viseur du gouvernement.

À force de chercher où gratter, le gouvernement pourrait bien s’attaquer à l’abattement fiscal dont profitent encore les retraités.

Jusqu’à quand tiendra-t-il ?

Chaque printemps, c’est la même rengaine. La déclaration de revenus s’ouvre, les chiffres tombent, et avec eux, les petits avantages fiscaux que chacun essaie de préserver. Parmi eux, il y en a un que les retraités connaissent bien : le fameux abattement fiscal. Cette réduction de 10 % sur les pensions qui permet d’alléger la note. Discret, mais efficace. Pour beaucoup, il représente plusieurs centaines d’euros d’économie par an. Pour d’autres, bien plus. Mais voilà que le vent tourne. Dans les couloirs de Bercy, la rumeur devient projet. Ce dispositif, en place depuis des décennies, pourrait vivre ses dernières années. Le contexte budgétaire est serré. Très serré. Et le gouvernement cherche, ligne après ligne, ce qu’il pourrait rayer.

Ce qui était encore inimaginable il y a cinq ans devient une hypothèse de travail, portée ouvertement par certains. Le Conseil des prélèvements obligatoires s’est déjà dit favorable à une suppression pure et simple. Des voix du Conseil d’orientation des retraites et même du Medef se sont jointes à l’idée. L’État, de son côté, évoque sans détour un objectif d’économies de 40 milliards d’euros à l’horizon 2026. Et dans cette équation, l’abattement fiscal pour les retraités pèse lourd : 4,5 milliards d’euros par an. Forcément, ça attire l’attention.

Pour l’instant, rien ne bouge concrètement. L’année fiscale 2024 conserve l’avantage. C’est ce qu’a confirmé la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin. Mais les regards se tournent déjà vers l’automne prochain. Ce moment où le projet de loi de finances 2026 sera débattu au Parlement. Une ligne pourrait disparaître. Et elle ne passerait pas inaperçue.

Une remise en cause de l’abattement fiscal pour les retraités

Le sujet est ultra sensible. Réunions syndicales, discussions entre partenaires sociaux, il revient en boucle. C’est l’un des points chauds du « conclave » social lancé par le gouvernement après la réforme des retraites. Un débat glissant, parce qu’il touche aux finances publiques et à un symbole. Supprimer l’abattement fiscal pour les retraités, ce n’est pas seulement faire des économies. C’est envoyer un signal à une génération qui estime avoir déjà payé le prix fort. Pouvoir d’achat en baisse. Pensions qui peinent à suivre l’inflation. Incertitudes sur l’avenir… Une chose est sure, les seniors sont à cran. Et ce n’est pas un hasard si les syndicats tirent la sonnette d’alarme. Pour eux, cette mesure serait injuste. Mal ciblée. Voire provocatrice.

Pour l’instant, le dispositif reste en place. Et il est loin d’être marginal. En 2024, près de 15 millions de foyers en bénéficient. C’est automatique. Une réduction de 10 % appliquée à toutes les pensions perçues. Retraite de base, complémentaire, pension d’invalidité, voire pension alimentaire… tout y passe. Avec un plafond fixé à 4 399 euros par foyer et un plancher à 450 euros par personne. Concrètement, selon les tranches d’imposition, cela peut représenter jusqu’à 1 855 euros d’économie par an. Autant dire que ce n’est pas un détail. Le retirer, même en partie, pèserait directement sur le niveau d’imposition de millions de contribuables.

Les plus critiques évoquent une mesure inégalitaire, car elle profite autant aux retraités modestes qu’aux plus aisés. D’autres rappellent qu’un retraité, quel que soit son revenu, n’a plus les mêmes leviers d’adaptation qu’un actif. Pas d’évolution de carrière, pas de prime, pas d’heures sup. Une fois à la retraite, chaque euro compte. Et toucher à l’abattement fiscal pour les retraités, c’est risquer de fragiliser davantage des équilibres déjà instables. D’autant que la Cour des comptes a récemment remis une couche, en suggérant de revoir aussi l’indexation automatique des pensions sur l’inflation. L’ambiance n’est pas franchement à la détente.

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